Boru Malicha, prévisionniste traditionnel en Éthiopie. Dans leurs prévisions, ces spécialistes traditionnels incluent les risques de pluie, mais aussi la probabilité d’épidémies et de conflits.
Photo: Jane Carter

Associons les connaissances autochtones et l’expertise météorologique

Pour faire face aux problèmes posés par le changement climatique, nous devons tirer parti des connaissances traditionnelles des communautés locales. Cette nécessité est pratiquement toujours rappelée dans les accords internationaux, mais elle est rarement mise en pratique. Il y a toutefois des exceptions, comme le montrent l’exemple des Boranas, en Éthiopie, et celui des communautés du district d’Acora, dans les Andes péruviennes.

Les populations indigènes vivant dans les parties semi-arides de la planète sont parmi celles qui ont de bonnes raisons de s’inquiéter des conséquences du changement climatique. Il leur a toujours été difficile de gérer les ressources en eau et de maximiser l’utilisation des rares précipitations, mais elles ont appris à le faire. Cependant, dans certains cas, les connaissances autochtones acquises pendant des siècles d’expérience et d’observation sont dépassées par de nouveaux phénomènes climatiques imprévisibles et allant en s’amplifiant.

Que peut-on faire pour améliorer cette situation ? Le présent article explore deux initiatives prises avec des populations autochtones d’Éthiopie et du Pérou, initiatives cherchant à associer les connaissances locales avec l’expertise météorologique. Résultat : des prévisions météorologiques précises et facilement acceptées sont possibles dans les saisons clés et il est alors possible de prendre les dispositions qui s’imposent.

Le projet éthiopien associe les pasteurs boranas, vivant dans la région du même nom, dans la partie sud du pays. Le projet péruvien, quant à lui, collabore avec des populations autochtones parlant l’aymara et le quechua et vivant dans le district d’Acora, dans les Andes. L’origine de ces populations remonte à la période pré-incas. 

Les Boranas

Les Boranas sont des pasteurs traditionnels qui vivent dans la zone qu’ils occupent actuellement (et qui, pour l’essentiel, se situe à l’intérieur des frontières de l’actuelle Éthiopie du sud – région d’Oromia), depuis au moins le 13e siècle. Cette région est couverte de savane ouverte parsemée d’épineux et d’arbustes ; l’élevage, essentiellement de bovins, est une occupation bien adaptée à ces conditions. Avec une pluviométrie annuelle moyenne de 500 à 700 mm, et deux principales saisons des pluies, les ressources en eau sont limitées.

Pour faire face à cette situation, les Boranas ont élaboré un système traditionnel de gestion des pâturages et des ressources en eau qui fonctionne selon le principe de la propriété commune, sous réserve de règles clairement définies déterminant l’accès à des parcours prédéfinis, et leur utilisation, pendant la saison sèche et la saison humide. Les déplacements programmés du bétail faisaient que, d’une manière générale, les pâturages étaient beaux, les épineux étaient contrôlés et les animaux étaient nourris toute l’année.

Parallèlement, un système de mares peu profondes (haroo) et de puits profonds (elas) répondait aux besoins domestiques et servait à abreuver les animaux. Les mares étaient utilisées les premières, pendant les saisons sèches, et les puits profonds plus tard, lorsque les autres sources étaient taries. Il y avait de temps en temps des périodes de sécheresse, mais elles étaient gérables.

Le système traditionnel de gestion utilisé par les Boranas était appliqué par des sages élus et respectés, tous des hommes. Toutefois, les temps changent. Le gouvernement éthiopien est intervenu, avec son propre système administratif, et a mis en œuvre des opérations de développement, par exemple le forage de puits et l’idée de l’agriculture en espace clos, et a encouragé la sédentarisation.

Un autre facteur entre en ligne de compte : l’accroissement de la population humaine et animale. Le changement climatique est un troisième facteur, et il est crucial. On constate une augmentation des températures, la pluviométrie est imprévisible et les sécheresses sont plus courantes.

« Nous sommes une communauté de pasteurs et la sécheresse fait partie de notre vie. De mon temps, nous avions des périodes de sécheresse une fois tous les huit ans. Maintenant, il y en a plusieurs pendant cette même période. On avait généralement trois à quatre ans de bonnes pluies pour rétablir la situation et, lors des premières sécheresses, les veaux et les génisses survivaient, si bien qu’on arrivait à sauver l’essentiel des animaux de reproduction. Mais actuellement, même les jeunes animaux et les plus robustes commencent à mourir et menacent la régénération des troupeaux. Et ça, c’est vraiment nouveau. »
Aba Kubsa Kuroftu (51 ans), pasteur, Gayo kebele, Borana

Communautés autochtones d’Acora

Adaptées à vivre aux hautes altitudes des Andes – en moyenne à 3 800 mètres au-dessus du niveau de la mer – les communautés autochtones d’Acora se sont spécialisées dans la culture de la pomme de terre, du quinoa et d’autres céréales des Andes, ainsi que dans le pastoralisme basé sur l’élevage des ovins, des bovins et des camélidés. Leurs pratiques agricoles reflètent leur engagement au respect des traditions, mais également leur adaptation aux écosystèmes diversifiés du district d’Acora qui est divisé en quatre zones : lac, moyenne, supérieure et Cordillère (montagne).

Dans les zones les plus élevées, l’élevage de camélidés sud-américains prédomine, si bien que la gestion des ressources en eau et la superficie des pâturages sont primordiales. La mise au pâturage des alpagas et des lamas tourne en fonction des saisons sèches et des saisons humides – vers les terrains plus en altitude pendant la saison des pluies, et vers les terres moins en altitude, notamment les zones humides, pendant la saison sèche.

Par ailleurs, le pâturage tourne entre différentes zones, le rétablissement des espèces autochtones de graminées étant assuré par la création de champs fermés par des clôtures en grillage, en pierre ou en bois. Les communautés savent que ces graminées autochtones, contrairement à celles qui sont cultivées, sont plus riches en nutriments. Une fois le rétablissement des graminées achevé, il se poursuit dans d’autres zones.

Luzmila Mendoza plante des semences dans sa terre, après avoir creusé des sillons dans le sol et l’avoir retourné, une pratique traditionnelle profondément ancrée dans l’agriculture familiale des Andes. Photo: Claudia Pancaya

Dans la zone médiane et en bordure du lac, on cultive souvent des plantes résistant aux mauvaises conditions atmosphériques, par exemple le cañihua (Chenopodium pallidicaule, pseudo-céréale des Andes). Les végétaux privilégiés tels que la pomme de terre et le quinoa ne sont cultivés que lorsque les communautés observent des bioindicateurs positifs. Par exemple, la floraison très jaune du karihua ou du q’ariwa (Senecio clivicolus) est indicative d’une bonne année de plantation. Sans ce type de floraison, les communautés décident généralement de ne pas semer et d’attendre une meilleure année.

Dans les quatre zones du district, les changements des moyens de subsistance sont évidents. Une période de 13 années de pluviométrie déficitaire a eu des conséquences graves sur l’agriculture en réduisant la disponibilité de l’eau pour l’élevage de bétail. Le service national de météorologie et d’hydrologie du Pérou (SENAMHI, d’après son nom en espagnol) prévoit une pluviométrie inférieure à la moyenne jusqu’en mars 2024, avec un allongement des périodes de sécheresse et une augmentation des températures dans la région sud. Les températures enregistrées depuis début octobre, l’année dernière, ont varié de 20 à 24° C, alors que la moyenne antérieure était d’environ 15 °C.

Méthodes traditionnelles de prévisions météorologiques

Dans les deux communautés autochtones Borana et Acora, il a toujours fallu s’adapter aux conditions météorologiques et, en conséquence, des moyens de prévoir ces conditions ont été mis au point. Ils représentent une part importante du système de croyances traditionnelles des deux populations et s’appuient généralement sur des observations détaillées effectuées au niveau local.

Chez les Boranas, certains hommes sont connus pour avoir des connaissances spéciales en matière de prévisions météorologiques. Il existe trois techniques et ils sont généralement spécialisés dans l’une d’elles, parfois dans les trois. Une de ces techniques met l’accent sur des indications astrologiques apparaissant dans le ciel, la nuit ; une autre consiste à observer le comportement des animaux, notamment différents chants d’oiseaux ; et une troisième est basée sur l’examen des entrailles d’animaux sacrifiés. Certains anciens essaient également de lier les prévisions pour la saison à venir à des événements passés.

Quelles que soient les méthodes utilisées, les prévisionnistes tombent généralement d’accord – avec des prévisions spécifiques pour chacun des cinq domaines agroécologiques traditionnels reconnus par les Boranas. Les prévisionnistes traditionnels prévoient les pluies, mais aussi la probabilité d’épidémies et de conflits. Ils donnent ainsi une image globale du futur immédiat tel qu’ils le perçoivent.  

Les communautés autochtones de la région d’Acora ont également leurs méthodes de prévision du temps, méthodes qu’ils intègrent dans des décisions liées à l’agriculture et à l’élevage. Par exemple, si le liquichu [ou lequecho (Vanellus resplendes), oiseau typique de la région andine, au Pérou] pose ses œufs sur les sillons en les accompagnant de petites pierres et de graines de graminées, cela est censé vouloir dire que l’année sera pluvieuse. Les agriculteurs décident en conséquence de l’endroit qu’ils vont ensemencer. Les années où il est censé peu pleuvoir, ils sèment dans les basses terres ; si au contraire il est censé beaucoup pleuvoir, ils choisissent de cultiver sur les pentes.

Dans les communautés d’Acora, il y a également le Yatichiri, « celui qui sait et enseigne, éduque ou instruit ». Généralement, cette personne est un membre de la communauté qui a des connaissances pratiques reconnues en matière d’agriculture dans les conditions agro-climatiques locales. Les Yatichiris parcourent leur communauté en enseignant et en prodiguant des conseils qui sont souvent basés sur des pratiques ancestrales. À titre d’exemple, citons le creusement de qochas (mares en terre) de petite taille destinées à étendre les terres humides en prévision des années de grande sécheresse.   

Surtout dans les régions de haute altitude recevant mal ou ne recevant pas la radio ou mal couvertes par les réseaux sociaux, les techniques autochtones ont prévalu jusqu’à tout récemment. Mais les connaissances collectives et individuelles des phénomènes météorologiques passés ne suffisent plus pour prévoir le futur avec précision, comme le fait remarquer Aldo Coila, un membre de la communauté actif sur la plateforme de gestion agro-climatique (PGA)

« Nous sommes dépositaires d’une sagesse ancestrale. Par exemple, si le renard glapit en septembre ou en octobre, l’année sera bonne. Autre exemple : la saison de floraison des sancayos [Corryocactus brevistylus] sert à décider des systèmes de culture. Nos prévisions sont basées sur ces observations, » dit-il. Il ajoute toutefois que les temps ont changé : « Par le passé, lorsque les sancayos fleurissaient, nous faisions une deuxième plantation, mais aujourd’hui, les choses ont changé et ces indications sont fausses, à cause du changement climatique. Elles sont fausses, mais pas entièrement. »
(Alberto Ñiquen, 2021)

Associer les connaissances traditionnelles et scientifiques

Les communautés Borana et Acora ont pleinement conscience du changement climatique et de la nécessité de compléter leur propre système de connaissances avec celui des sciences modernes. La science moderne gagne également à tendre l’oreille à ce que disent ceux qui connaissent bien leur territoire.

Dans le cas des Boranas, les prévisionnistes traditionnels et les experts du Zonal Meteorological Department se réunissent deux fois pas an selon une approche de planification participative de scénarios (PPS). Ce processus est soutenu par la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC) et financé par le Programme régional d’élevage (Regional Livestock Programme – RLP), qui est géré par Helvetas en collaboration avec Welthungerhilfe et l’institut éthiopien non gouvernemental de la paix et de l’action pour le développement (Ethiopian Institute of Peace and Action for Development).

Les réunions PPS ont lieu avant les saisons des pluies longues et courtes prévues et aboutissent à la présentation détaillée d’un « scénario le plus probable » qui est conjointement accepté. Autrement dit, il associe des connaissances traditionnelles et météorologiques. Ce scénario est ensuite communiqué aux communautés et leur permet de se préparer en conséquence. Tous les acteurs clés du développement dans la zone des Boranas (13 woredas ou districts) sont invités à participer aux réunions PPS pour s’assurer que les informations sont communiquées au plus grand nombre. Il est à noter que dans toutes les réunions PPS organisées à ce jour, il y a eu un large consensus entre les prévisions des prévisionnistes traditionnels et des météorologues du gouvernement.

Par exemple, après de nombreuses années de très faible pluviosité et de grande sécheresse, les prévisionnistes traditionnels et les météorologues ont prévu que la saison Hageya (septembre – novembre) 2023 serait humide et qu’on enregistrerait une pluviosité supérieure à la moyenne dans toute la zone des Boranas. C’est ce qui s’est effectivement produit. La façon dont les prévisions PPS sont utilisées pour formuler les messages de recommandations est indiquée dans le tableau.

Exemples de messages de recommandations produits grâce à la PPS en Éthiopie
Pluviométrie inférieure à la moyenne, menant à la sécheresse Pluviométrie normaleForte pluviométrie, supérieure à la moyenne
 
  • Gestion rigoureuse des pâturages et des ressources en eau ; autant que possible, constitution de réserves d’eau pour les mois de sécheresse suivant la saison faiblement arrosée. 
  • Concentration probable de bétail dans certaines zones en raison de la pousse limitée de l’herbe.
  • Probabilité de maladies du bétail résultant de la concentration d’animaux et du manque de fourrage.
  • Culture uniquement recommandée pour les cultures hâtives telles que celle du haricot.
  • Contrôle minutieux pour lancer une alerte précoce à la sécheresse et prendre les mesures humanitaires nécessaires.
 
 
  • Pâturages vraisemblablement suffisants pour assurer la bonne santé du bétail ; grande mobilité du bétail sur l’ensemble des pâturages des Boranas.
  • Production de fourrage sûrement suffisante pour la production de lait.
  • Culture de diverses plantes recommandée, notamment les légumes, le maïs et le teff.
  • Inondations possibles dans des zones spécifiques citées.
 
 
  • Nécessité de relocaliser les villages exposés aux inondations et installés dans les basses terres.
  • Mobilisation de la communauté pour recueillir les eaux de ruissellement ; construction et entretien de mares peu profondes.
  • Protection des puits profonds contre tous dégâts structurels.
  • Intensification de l’agriculture avec semis précoces d’espèces hâtives.
  • Livraison précoce d’intrants par les organismes concernés.
  • Protection des routes contre le ruissellement, autant que possible.
 

Dans les communautés autochtones des Acoras, des initiatives similaires ont été prises, le service national de météorologie et d’hydrologie (SENAMHI) du ministère péruvien de l’Environnement (MINAM) jouant un rôle clé dans la reconnaissance et la documentation des connaissances autochtones liées aux phénomènes météorologiques.

En outre, une plateforme de gestion agro-climatique (PGA) a été créée dans le district d’Acora. Mis en place en 2022 et actuellement dans sa seconde phase de fonctionnement, le modèle PGA cherche à renforcer la gouvernance agro-climatique pour améliorer la productivité et la compétitivité agricoles. La PGA réunit des organisations de différents secteurs, de la société civile, des milieux universitaires et d’autres acteurs publics-privés du territoire. Elle sert à donner la parole aux petits exploitants agricoles, à produire des informations climatiques et agro-climatiques et à fournir, à l’agriculture et à l’élevage, un soutien technique s’appuyant sur les connaissances autochtones et les prévisions météorologiques.

Un bulletin agro-climatique mensuel associant prévisions météorologiques et observations locales faites par les agriculteurs est coproduit. Il contient également des recommandations techniques pour le traitement des cultures et pour l’élevage, sur la base des connaissances locales. Ce bulletin est partagé dans le groupe WhatsApp de la PGA et il est constamment alimenté par le suivi local des agriculteurs et par la participation et la diffusion actives dans le district. On compte actuellement trois PGA au Pérou mais ce nombre devrait augmenter et le pays devrait compter douze plateformes d’ici à 2030.

Dans le cas de la PGA Acora, la mise en œuvre a été assurée par le bureau zonal du SENAMHI à Puno, les bureaux locaux du ministère du Développement agraire et de l’Irrigation (MIDAGRI), l’administration régionale de Puno et la municipalité d’Acora. Pour le développement de cette initiative, l’articulation entre diverses parties prenantes nationales et locales a été appuyée par le projet régional de la DDC « Andes Resilientes al Cambio Climático » et facilitée par le consortium Helvetas-Fundación Avina.

Synthèse

Ce bref aperçu de l’association de connaissances autochtones traditionnelles et de données scientifiques dans deux parties différentes du monde montre qu’elles ont un certain nombre de points en commun. Le premier est que les méthodes autochtones de prévision météorologique tirent généralement leurs racines d’observations minutieuses de l’environnement, de la faune et de la flore. Il est important d’enregistrer ces connaissances de la biodiversité locale et de la façon dont elle évolue.

Le second est que l’intégration de prévisions scientifiques de pointe dans un système de connaissance familier peut rendre ces informations particulièrement accessibles à ceux qui en ont besoin. Un troisième point, moins positif, est que les dépositaires des connaissances traditionnelles sont souvent des hommes âgés et que l’avis des femmes est souvent ignoré ou sous-estimé. Mais cela peut prendre une tournure constructive : l’adoption de nouvelles sources de connaissances peut se transformer en possibilité de promouvoir l’inclusion et une plus large participation au processus décisionnel.


Ana Maria Vela est chargée de communication et Maruja Gallardo est coordonnatrice nationale pour le projet régional de la DDC « Andes Resilientes al Cambio Climático », Helvetas Pérou.
Abarufa Jatani est l’ancien chef du projet de la DDC « Regional Livestock Programme », Helvetas Éthiopie. Il est lui-même membre de la communauté des Boranas.
Duba Tedecha est responsable de gestion des ressources naturelles pour le projet de la DDC « Regional Livestock Programme », Welthungerhilfe (WHH). Il est lui aussi membre de la communauté des Boranas.
Meron Wubishet est directrice nationale, « Programmes on Resilience and Access », Helvetas Éthiopie.
Jane Carter est conseillère sénior, Gouvernance des ressources naturelles, Helvetas Suisse.
Contact: jane.carter@helvetas.org

References

https://redaccion.lamula.pe/2021/10/22/pachayatina-pachayachay-ensenanzas-para-gestionar-el-riesgo-de-sequias-en-puno-en-tiempos-de-cambio-climatico/albertoniquen/

Un document sur les croyances indigènes en matière de prévisions météorologiques a été produit par le SENAMHI et peut être téléchargé ici (en espagnol)
https://repositorio.senamhi.gob.pe/bitstream/handle/20.500.12542/252/Willay-midiendo-tiempo-sin-instrumentos_2017.pdf?sequence=1&isAllowed=y

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