Pour répondre aux besoins alimentaires mondiaux, il faudrait multiplier par quatre la quantité d’engrais utilisée pour la culture du blé, avec des conséquences néfastes sur l’environnement.
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Monde scientifique

Étude sur les futurs besoins en azote des cultures de blé

Dans une étude publiée par la revue Nature Plants au mois de juillet 2024, les membres d’une équipe de recherche internationale plaident pour l’élaboration de stratégies visant à améliorer l’absorption de l’azote par le blé. Sur cette culture, en effet, 48 pour cent seulement de l’engrais apporté est absorbé par la plante. Le reste de l’azote épandu, soit une très grande partie, s’infiltre dans le sol ou s’évapore dans l’air. Cet excédent de fertilisation azotée pollue l’eau, accroît les émissions de gaz à effet de serre et constitue un important facteur de perte de biodiversité.

Dans cette étude, les chercheurs ont réalisé des simulations sur les variétés de blé offrant les meilleurs rendements afin de modéliser les hausses potentielles de rendement et les besoins en azote associés. Différents scénarios de changement climatique ont été appliqués aux principales régions de production de blé de la planète. Les professeurs Frank Ewert et Heidi Webber, du Centre de Leibniz pour la recherche sur les paysages agricoles (ZALF) de Müncheberg en Allemagne, sont les coauteurs de cette étude.

Amélioration de l’absorption de l’azote par le blé

« Nos résultats montrent que l’important est de s’assurer qu’une quantité suffisante d’azote est à la disposition des plantes dans le sol et que l’engrais peut être absorbé efficacement par le blé, ce qui a un impact majeur sur le rendement potentiel mais aussi sur l’environnement. Étant donné l’impact négatif des excédents d’azote sur le climat et sur l’environnement, nous ne pouvons plus augmenter la quantité d’engrais utilisée. Il va donc falloir trouver d’autres solutions », explique le Dr Frank Ewert.

Les auteurs évoquent notamment la possibilité de sélectionner des variétés de blé capables de mieux absorber et de mieux utiliser l’azote. Il est également possible de recourir à d’autres pratiques agricoles, par exemple en combinant le blé avec des légumineuses capables de produire de l’azote à partir de l’air à l’aide de bactéries nodulatrices. Aucune de ces solutions ne permettra toutefois d’intensifier suffisamment la production de blé, d’où la nécessité d’intégrer intelligemment les différents facteurs agronomiques, génétiques et socio-économiques.

Le blé est la culture la plus importante du monde. L’augmentation de la population mondiale et la croissance économique seront synonymes d’une hausse de la demande de blé alors que la superficie de terres arables est limitée. En outre, si elle veut continuer à nourrir le monde, l’agriculture va devoir réduire ses impacts négatifs sur le climat et sur l’environnement et s’adapter au changement climatique qui vient s’ajouter à ces multiples défis. Pour trouver des solutions durables, il est donc indispensable d’agir sur l’ensemble du système agroalimentaire.

(ZALF/wi)

Référence :
Pierre Maitre, Frank Ewert et al. : « Global needs for nitrogen fertilizer to improve wheat yield under climate change » (Besoins mondiaux en engrais azotés pour améliorer les rendements de blé dans le contexte du changement climatique) ; Nature Plants, juillet 2024.