Un doctorant mesure la circonférence d'un arbre à Kisangani, en RDC.
Photo: © Ollivier Girard/CIFOR

L'état des forêts d'Afrique centrale - une action urgente s'impose

Les forêts d'Afrique centrale sont au cœur d'une crise environnementale mondiale dont l’urgence ne cesse d’augmenter. Cet écosystème est gravement menacé par la déforestation, la dégradation et le changement climatique. Le Forum hybride de l'OFAC a réuni plus de 700 experts, praticiens et décideurs publics à Bonn et en ligne. Cet événement hybride a exploré les défis qui se posent à la gestion durable des forêts en Afrique centrale, a identifié des opportunités et des solutions et a montré comment les initiatives font la différence.

Le bassin du Congo, qui constitue la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, joue un rôle essentiel dans la séquestration du carbone au niveau mondial. Selon le rapport sur l’état des forêts de l'Observatoire des forêts d'Afrique centrale (OFAC), le Bassin du Congo séquestre environ 40 gigatonnes de carbone par an, soit à peu près l'équivalent des émissions mondiales annuelles de CO2. Ce chiffre impressionnant souligne l'importance de cette région pour l'environnement local et mondial. Richard Eba'a Atyi, coordinateur régional pour l'Afrique centrale au CIFOR-ICRAF, a souligné l'importance du bassin du Congo pour le climat mondial et les cycles régionaux de l'eau : « Il s'agit d'une question mondiale. Le bassin du Congo est une source majeure de précipitations dans la région du Sahel. Cette région assure une grande partie des services écosystémiques mondiaux ».

Des prévisions alarmantes
 

Malgré leur importance indéniable, les forêts du bassin du Congo sont gravement menacées. Selon les prévisions, en l’absence d’une action urgente, la superficie de ces forêts pourrait diminuer de 27 % d'ici 2050. Le principal facteur de ce déclin dramatique est la déforestation, principalement causée par des activités minières et forestières illégales ou non durables. « Il est difficile de gérer les ressources naturelles si nous ne disposons pas d'informations à leur sujet. La science est nécessaire pour informer les responsables de la prise de décision, et cela nécessite non seulement des ressources humaines, mais aussi des ressources financières », a expliqué Eba'a Atyi lors du Forum.

Le financement est l'un des plus grands défis pour la conservation et la gestion durable des forêts d'Afrique centrale. Entre 2008 et 2017, le secteur de la foresterie et de l'environnement en Afrique centrale n'a représenté que 11,5 % du financement mondial consacré à la conservation et la gestion durable des forêts tropicales. Ce soutien financier insuffisant met en péril les efforts de préservation de ces écosystèmes critiques.

Une bouée de sauvetage pour des millions de personnes
 

Les écosystèmes d'Afrique centrale, tels que le bassin du Congo, fournissent tout, de la nourriture à l'eau en passant par le bois et les médicaments. Ils maintiennent environ 40 000 emplois dans les zones rurales et constituent une ressource vitale pour la subsistance et la survie de 75 millions de personnes. La Dr Aurelie Flore Koumba Pambo, du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC), a souligné l'importance de ces forêts pour les communautés locales et les groupes autochtones : « La conservation n’est pas une fin en soi, mais profite aux communautés locales et aux groupes autochtones qui y vivent, à leurs moyens de subsistance et à leur bien-être. Si ces forêts existent aujourd'hui, c'est parce que ces personnes en prennent soin ».

Selon les experts présents au forum, les jeunes et les femmes surtout ont un rôle particulier à jouer dans ce domaine. Sœur Lucia Nyamwija, écologiste, mentor et formatrice pour la création et la restauration de forêts vivrières dans le paysage des Virunga en Afrique centrale, a souligné le rôle crucial des femmes dans la conservation des forêts. « Le rôle des femmes dans la protection et la conservation des forêts ainsi que dans l’éducation est crucial », a déclaré Sr Nyamwija. Elle estime que la créativité des femmes peut être le moteur d’une action collective et considère les femmes comme des leaders dans les familles et les villages locaux qui « agiront au niveau local mais auront un impact au niveau mondial ».

Les aire protégées, clé du développement durable
 

Le réseau d'aires protégées en Afrique centrale est un outil important dans la lutte pour la préservation des forêts. Le rapport « Aires protégées d'Afrique centrale » de l'OFAC fournit une analyse complète des écosystèmes forestiers de la région, apportant des informations précieuses aux décideurs et aux gestionnaires. Le rapport de l'OFAC souligne que si la participation des communautés locales à la gestion de ces zones se développe, les aires protégées véritablement gérées par les communautés sont, quant à elles, rares. Plus de 85 % des aires protégées sont directement gérées par les gouvernements, les deux tiers environ étant pris en charge par des agences indépendantes. Le financement reste une question cruciale. Plus de 90 % du budget de toutes les aires protégées d'Afrique centrale dépendent de financements internationaux, à l'exception du parc national de l'Akagera au Rwanda.

Les discussions lors du Forum hybride de l'OFAC ont souligné que la sauvegarde des forêts d'Afrique centrale doit être une priorité mondiale. Le rôle du bassin du Congo en tant que puits de carbone et régulateur du climat, son importance pour les communautés locales et les menaces liées aux activités humaines et au changement climatique requièrent une action décisive et coordonnée. « Il s'agit de sensibiliser et de prendre des mesures urgentes pour protéger l'une des ressources les plus précieuses de la planète », a conclu la Dr Aurelie Flore Koumba Pambo. « L'avenir du bassin du Congo est entre nos mains ».

La communauté internationale doit relever le défi de mobiliser la volonté politique et les ressources financières nécessaires pour préserver les forêts d'Afrique centrale. Seule une action collective permettra de protéger cet écosystème unique et irremplaçable pour les générations futures.

Patricia Summa, rédactrice de Rural 21

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